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De l’importance pour les enfants de jouer dans la nature

En ces temps de déconfinement, je voudrais rappeler ici l’importance qu’il y a à laisser nos enfants jouer dehors, dans la nature.


A l’inverse des générations précédente, la majorité des enfants d’aujourd’hui passent très peu de temps à jouer en extérieur et presque jamais sans supervision.


Selon une récente étude américaine, les enfants passeraient trois fois moins de temps à jouer dehors que leurs propres parents.


Ce phénomène s’explique à la fois par :


  • L’augmentation du temps consacré aux devoirs et aux activités extra-scolaires. Une étude de l’Université du Maryland démontre que le temps libre hebdomadaire de nos jeunes générations a diminué de neuf heures sur les vingt-cinq dernières années;


  • La peur des adultes devenus très (trop?) conscients des risques potentiels encourus par leurs enfants, du fait notamment de la médiatisation à grande échelle d’histoires d’enlèvements d’enfants, d’abus et d’accidents. Bien que ces drames ne soient pas plus nombreux qu’avant, le fait d’en entendre parler contribue à l’alimentation du sentiment d’insécurité. Il est plus rassurant d’avoir ses enfants qui jouent à la maison qu’en extérieur. Quand aux écoles ou aux crèches, les réglementations et autres aspects juridiques sont si complexes qu’il est très compliqué de laisser sortir les enfants à l’extérieur.


  • L’urbanisation étant toujours grandissante, les espaces verts et les jardins se font plus petits et plus rares. De plus la majorité des activités en ville sont payantes et donc limitées et encadrées.


  • Le temps considérable passé sur les écrans (smartphones, tablettes et télévision), addictifs pour les joueurs et souvent rassurants et confortables pour les parents puisqu’ils occupent leurs enfants en toute sécurité, a fini de réduire à peau de chagrin les temps de jeu en extérieur.



Des études américaines démontrent une augmentation constante depuis 50 ans du taux d'anxiété, de dépression, de suicide chez les enfants et les jeunes, en même temps qu’une augmentation du sentiment d’impuissance. Le nombre d’anxiolytiques prescrits aux enfants aux États-Unis a doublé en l’espace de cinq ans. On constate également une diminution de leur capacité d’attention, des difficultés à s’endormir, une augmentation de la fatigue et du taux d’obésité. Les professionnels de santé voient de plus en plus d’enfants pour des retards de développement et des problèmes de proprioception dûs au manque d’utilisation de leur corps. La résistance physiologique de ces enfants est moindre que celle des générations antérieures.


Or le temps passé à jouer librement en extérieur et dans la nature augmente le bien-être des enfants et améliore leur développement physique et psychologique.


A quel point l’éducation d’aujourd’hui éloigne-t-elle les enfants de leur connexion avec la nature et de fait de ce qui est essentiel à leur bien-être ?


Lorsque j’ai besoin de peser le pour et le contre entre des avis contradictoires relatifs à l’éducation, je me tourne aussi vers les autres espèces animales et observe leurs comportements. Ceux-ci ne sont pas altérés par les jugements, les représentations mentales ou les tendances éducatives et ont conservé intact leur instinct.

Les jeunes animaux partagent leur temps entre manger, dormir et jouer. C’est en jouant qu’ils apprennent tout ce qu’ils ont besoin de savoir pour vivre : décoder les comportements sociaux, adapter le leur à celui des autres, développer leur agilité, se défendre, repérer les dangers, identifier les plantes qu’ils peuvent manger, etc


Je me tourne également vers les tribus premières dans lesquelles les enfants passent la majorité de leur temps dehors, à jouer librement, c’est à dire de façon non imposée en laissant libre court à leur imagination, leurs envies et leur curiosité. Ils ont tout loisir de découvrir en profondeur leur environnement (les comportements des animaux, les plantes comestibles ou non, les changements dus aux saisons, etc), d’interagir avec le groupe, d’imiter les aînés, de répéter des actions nouvelles autant de fois qu’ils en ont besoin, sous le regard bienveillant et souvent plein d’humour des adultes infiniment patients, sans qu’il n'y ait ni injonction, ni jugement, ni évaluation, ni attente.


Le moteur du jeu est le plaisir et son royaume la nature.


Les adultes qui ont eu étant enfant la chance de connaître ces moments de liberté se souviennent avec émotion d’avoir jouer aux indiens ou aux explorateurs, d’avoir couru jusqu’à perdre haleine, d’avoir construit des cabanes de bric et de broc, découvert un passage secret, grimpé dans un arbre et vu le monde d’en haut, recueilli un oiseau tombé du nid,... Nous nous sommes senti pleinement heureux, puissants et connectés à ce monde. Ces moments sont fondateurs de notre enfance et de l’adulte que nous sommes devenus. Ils nous ont aidé à grandir.


Le jeu “libre” permet à l’enfant de faire appel à son imagination et de mieux se connaître. Il offre des champs de possibles à explorer, lui donne l’opportunité de découvrir ce qu’il aime, qui il est et ses nouveaux talents. Porté par la joie, l’en-vie, son imagination et sa curiosité, l’enfant s’éduque en développant sa vision du monde.


Ce que jouer dans la nature apporte aux enfants est difficilement mesurable tant sa richesse est grande et ses apports innombrables.


Jouer dans la nature est essentiel pour le développement des capacités physiques et psychiques des enfants. Cela impacte positivement les potentiels des enfants, leur rapport à eux-même, avec les autres, avec le monde et leur vie future. Le sentiment d’appartenance au monde et à la nature favorise l’épanouissement des enfants en adultes bien dans leur peau.


« Aucune description, aucune image d’aucun livre ne peut remplacer la vue réelle des arbres dans un bois avec toute la vie qui se déroule autour d’eux. » Maria Montessori


Voici quelques exemples de ce que le jeu apporte aux enfants :


Le fait d’être en mouvement amène l’enfant à maîtriser son corps. Il constitue une base de données proprioceptives qui l’aideront à mieux intégrer des connaissances ultérieures plus théoriques; à développer son autonomie et le sens de son identité; et même à mieux gérer ses sentiments.


En jouant avec les autres, l’enfant apprend à créer et à respecter des règles, à construire des savoirs-être dans un rapport d’égalité avec les autres. L’enfant développe ses compétences sociales, de communication, de dialogue, de négociation et de résolution de conflits.


Il est amené à faire des choix, à prendre des décisions. Il résout des problèmes et prend confiance en ses capacités à se débrouiller seul et à surpasser les difficultés.


Dans ses aventures à la découverte de son monde, l’enfant appréhende l’inconnu et fait face à ses peurs. Il prend l’habitude de se surpasser et développe de nouvelles stratégies qui lui serviront dans d’autres contextes.


Le jeu apprend à l’enfant qu’il n’est pas impuissant. Au contraire, il lui donne le sentiment d’être tout-puissant, en contrôle de son monde imaginaire.


En même temps la confrontation au réel aide l’enfant à découvrir ses limites et à les dépasser.


Il découvre la richesse du monde, sa beauté, les interrelations entre les espèces et les mystères de la nature.


L’enfant sensibilisé au vivant, développe son respect pour la nature, son empathie pour les autres espèces et pour la planète.


Je rajouterai que nous portons tous et toujours l’enfant que nous étions et que celui-ci, trop souvent oublié, aime toujours jouer et se retrouver dans la nature. Alors remettons de la nature et du jeu dans nos vies et redevenons des enfants de temps en temps!


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